Retour sur le colloque : Coopérer pour l'insertion des jeunes en Méditerranée

Un événement pour encourager la coopération en faveur de l’insertion des jeunes méditerranéens

Colloque : Coopérer pour l'insertion des jeunes en Méditerranée
©Florence Dominique

le 18 avril 2019

Le 17 avril 2019, dans le Grand Salon de la Sorbonne, le réseau MedNC, l’IECD et l’académie de Paris se sont associés pour valoriser les actions concrètes de formation et d’insertion professionnelles mises en œuvre sur le terrain, dans le but de susciter l’adhésion des pouvoirs publics et du secteur privé. Pour traiter du sujet, des acteurs des deux rives de la Méditerranée sont venus rappeler l’opportunité que représente la voie professionnelle pour l’insertion des jeunes, et insister sur la nécessité de fédérer l’ensemble des acteurs de l’écosystème

Plus de 120 personnes étaient assemblées pour ce premier colloque, organisé par l'IECD : représentants des organisations internationales, des ministères, entreprises, acteurs de terrain et experts académiques.

Cet événement fut également une façon de remercier les partenaires présents ce jour, fidèles soutiens du réseau MedNC et de l’IECD dans leur ambition de mener les jeunes vers des emplois décents et durables. Parmi eux : l’Agence française de développement (AFD), l’entreprise Schneider Electric, la Chambre de commerce et d’industrie française en Égypte (CCIFE), les associations l’Heure Joyeuse au Maroc et Semeurs d’avenir au Liban.

Selon l’OMC, les taux de chômage avoisinent les 30% dans les pays du Maghreb, tandis que le coût du chômage des jeunes des pays membres de l’OCDE atteint 560 milliards de dollars, soit l’équivalent de 1% de la richesse des pays. Les pays méditerranéens font face à des problématiques similaires et ce n’est que dans un cadre coopératif d’échanges entre les deux rives que des solutions efficaces et pérennes émergeront.

Spectateur lors du Colloque


Vers une formation professionnelle de qualité grâce à l'implication de tous les acteurs

Conjointement, ces différentes organisaitons ont participé au déploiement de dispositifs de haute qualité qui ont remis des milliers de jeunes méditerranéens dans une dynamique positive de formation et d’emploi. Ces résultats confirment que lorsqu’il y a adéquation entre formation et marché de l’emploi, les jeunes parviennent à s’insérer professionnellement.

Au Maroc, le Centre de formation des apprentis (CFA) de Mkanssa – un centre cocréé par l’IECD et l’association l’Heure Joyeuse en 2014 – a considérablement augmenté le taux de placement des jeunes en contrat d’apprentissage pour atteindre 80% en 2018, grâce à l’amélioration des contenus de formation et le renforcement des liens entre école et entreprise.

"Nous nous adressons à des jeunes marginalisés qui ont quitté le système scolaire, vivent dans des quartiers défavorisés et ont perdu confiance en eux. Pour les sortir de cette spirale infernale, nous les faisons travailler sur leurs motivations, sur leur projet de vie. Les progrès se mesurent par exemple à travers l’assiduité : nous avons aujourd’hui des taux d’abandon très bas, de l’ordre de 1 à 2% et cela suscite chez nous une grande admiration pour ces jeunes décrocheurs."

Leila Benhima Chérif,
Présidente de l’association l’Heure Joyeuse

La formation professionnelle est en effet fortement plébiscitée par les entreprises, à condition qu’elle réponde à leurs exigences.

Pour accéder à la qualité requise, Salam Younes, directrice générale de l’Enseignement technique et professionnel du ministère de l’Éducation et de l’enseignement technique libanais, rappelle les bienfaits de la coopération internationale : “Autant en ce qui concerne les équipements et les bâtiments (dits “hard”) que la refonte des programmes de formation professionnelle et technique (dits “soft”).

Force est de reconnaître qu’aujourd’hui, la formation professionnelle est encore considérée comme une voie par défaut. C’est le cas dans l’ensemble des pays méditerranéens :

“On a environ 1 médecin pour 3 patients, mais seulement 1 infirmière pour 20 patients !” regrette Nayla Ibrahim, directrice de l’association Semeurs d’avenir au Liban. “C’est très significatif de la mentalité : tous les parents veulent que leurs enfants soient ingénieurs, médecins ou avocats. La formation technique n’est pas reconnue au Liban alors que les besoins sont là.”

En Égypte, M. Hassan Behnam, Directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie française, invoque la « forte culture de " l’employé de l’État ", encore très présente. Les entreprises sont par ailleurs plus sélectives et recherchent des jeunes qualifiés et formés afin d’économiser leur temps de production ».

Pour que les métiers techniques retrouvent leurs lettres de noblesse, il est essentiel que les formations dispensées soient de qualité. Ainsi, grâce à la coopération entre l’IECD, le ministère libanais, l’association Semeurs d’avenir, les centres de formation technique et l’académie de Paris, un baccalauréat en électrotechnique a été créé au Liban et est devenu une filière d’excellence, reconnue officiellement par l’État. L’IECD s’est alors vu confier la création de deux nouveaux baccalauréats techniques dans des secteurs porteurs.


Comment passer à l'échelle suppérieure

Essaimer les bonnes pratiques à l’échelle de la région méditerranéenne

Les bonnes pratiques expérimentées par les uns pourraient bénéficier à d’autres acteurs se trouvant confrontés aux mêmes problématiques. La mutualisation des ressources engendre gain de temps, d’argent, est source d’innovation, et de visibilité pour les acteurs opérationnels. C’est la mission qui a été attribuée au réseau Méditerranée Nouvelle Chance :

“Il convient de souligner le rôle important des réseaux de type Méditerranée Nouvelle Chance pour la capitalisation et le partage d’expériences, pour le plaidoyer auprès des autorités publiques et des entreprises, afin d’assurer ainsi l’amplification et la pérennisation des actions.” s’exprimait Véronique Sauvat, responsable de la division éducation-formation-emploi de l’Agence française de développement.


Depuis 2018, l’IECD a pour mission de dynamiser et de développer le réseau. Candidat au Sommet des deux rives qui se tiendra le 24 juin prochain à Marseille, à l’initiative du Président Emmanuel Macron, le réseau Méditerranée Nouvelle Chance espère que des mesures en faveur de l’insertion des jeunes les plus en difficulté seront prises.


Mobiliser l'ensemble des acteurs

Pour répondre à l’importance de l’enjeu, il est indispensable de sensibiliser les pouvoirs publics ainsi que les entreprises :

“Schneider Electric s’est engagé à former 1 million de jeunes d’ici 2025. Nous félicitions l’IECD, notre partenaire, pour sa contribution et son aide à travers le programme Graines d’Espérance qui favorise l’insertion socio-professionnelle des jeunes et a été répliqué dans 6 pays.” déclare Gilles Vermot Desroches, directeur du développement durable de l’entreprise Schneider Electric.


La formation professionnelle : une voie d'avenir

Aujourd’hui, tous les acteurs de la formation et de l’insertion professionnelle s’accordent à dire que les métiers techniques peuvent absorber une grande partie des besoins d’emploi et constitue une véritable opportunité.

Pour répondre à la pénurie de techniciens dans des secteurs porteurs, il est indispensable de réformer la formation professionnelle, en accord avec les entreprises et les pouvoirs publics. Les freins restent cependant nombreux et notamment le sous-financement des dispositifs, pour lequel le soutien des organismes internationaux tel que l’AFD est clé. À cette occasion, Véronique Sauvat a réaffirmé le soutien de l’AFD aux acteurs opérationnels dont “les initiatives sont porteuses d’innovations considérables”.

Table ronde